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Metin Arditi
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Vérone, 1978. Renato, sept ans, entretient avec son père une relation merveilleuse, que bouleverse l'enlèvement de l'homme d'affaires par un commando des Brigades rouges. Peu après cette épreuve, il met fin à ses jours. Renato et sa mère s'exilent en Suisse. Dix ans passent. Au cours de sa scolarité, Renato croise le professeur Paolo Mantegazza, un Italien, responsable des activités théâtrales, comme lui passionné de haute montagne. Une amitié elle aussi merveilleuse s'établit entre les deux, faite d'admiration réciproque et de grande estime. Renato voit en lui un père de substitution. Mais derrière le maître se cache celui-là même qui avait machiné l'enlèvement du père de Renato. Le pardon sera-t-il possible ?
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Quelle a été la vraie vie de Jésus ?
À Nazareth, au début de notre ère, deux très jeunes enfants jouent dans la rue. « Mamzer ! » lance l'un à son camarade. « Bâtard ! ». Personne, dans le petit village de Nazareth, n'ignore que Marie a fauté avec un légionnaire romain. Elle est une fille-mère, rejetée et méprisée. Jésus comprend pourquoi, tout autant qu'elle, il sera à jamais exclu de sa communauté : telle est l'exigence de la loi juive à l'égard des bâtards.
Grandissant, Jésus n'a d'autre entreprise que de réformer cette règle d'exclusion. Jusqu'au jour où il rencontre un autre mamzer. Outre d'être un bâtard, Judas est laid, brillant, et révolutionnaire. Il a un plan. S'appuyant sur le beau, non moins brillant, et réformateur Jésus, il met en marche sa vengeance. Quelle est la part de sincérité, quelle est la part de calcul de ces deux jeunes hommes parcourant la Palestine avec un message d'inclusion ?
Un roman audacieux, étonnant, passionnant, qui réinterprète la vie de Jésus dans ses plus grands épisodes. Sa présentation aux docteurs de la loi, son sermon sur la Montagne, la multiplication des pains, les quarante jours dans le désert, tant d'autres moments de la culture religieuse universelle sont revisités à l'aune de l'inguérissable blessure d'enfance de Jésus et de sa relation aussi fructueuse que dangereuse avec Judas. -
Acre, quartier juif, 1078. Avner, quatorze ans, pêche avec son père. À l'occasion d'une livraison à un monastère, son regard tombe sur une icône. C'est l'éblouissement. Bien qu'il n'ait pas la foi, le jeune homme se fait baptiser, quitte les siens, et deviendra l'un des plus grands iconographes de Palestine.
Peu à peu, Avner s'affranchit des canons rigides de l'Église et reproduit des visages de gens ordinaires, cherchant dans chaque être sa part de divin. C'est un triomphe, c'est un scandale. Il est chassé, son oeuvre est brûlée. Quel sera le destin d'un homme qui a osé défier l'ordre établi ? -
Se pourrait-il qu'un tableau célèbre soit l'unique oeuvre qui nous reste d'un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne ? Un égal du Titien ou du Véronèse ? Né à Constantinople en 1519, Elie Soriano a émigré très jeune à Venise, masqué son identité, troqué son nom contre celui d'Elias Troyanos, fréquenté les ateliers de Titien, et fait une carrière exceptionnelle sous le nom de Turquetto : le "Petit Turc". Metin Arditi retrace le destin mouvementé de cet artiste, né juif en terre musulmane, nourri de foi chrétienne, qui fut traîné en justice pour hérésie.
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Avec ses parents, des Juifs de Palestine, Rachel habite Jaffa au début du XXe siècle. Ils partagent leur maison avec les Khalifa, des Arabes chrétiens. Les deux familles n'en font qu'une, jusqu'à ce que l'Histoire s'en mêle. Conflits religieux, guerres... Dans les tempêtes, Rachel tient bon grâce à l'art, sa vocation absolue pour le théâtre. De Palestine en Turquie, de Turquie en France, elle affronte, intrépide, amoureuse, un monde hostile, créant une oeuvre bouleversante.
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Sur l'île de Kalamaki, Yannis, un enfant autiste, mesure chaque jour l'ordre d'arrivée des bateaux, les quantités pêchées, le nombre de clients du café Stamboulidis. Il cherche à capter l'ordre du monde. Un projet de construction vient diviser l'île et menacer l'équilibre. Mais il y a Eliot, un architecte américain qui étudie le Nombre d'Or. Une amitié bouleversante se noue entre l'homme et l'enfant.
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Dictionnaire amoureux d'Istanbul
Metin Arditi
- Plon
- Dictionnaire Amoureux
- 20 Janvier 2022
- 9782259306904
Cette ville - celle de mon enfance - a tout eu, tout reçu, tout connu. Des empereurs et des sultans, des personnages de légende, des artistes raffinés, des architectes géniaux, des favorites diaboliques et des marchands d'armes d'une habileté hors du commun. On s'y régale de mets d'une rare finesse, on y hume des senteurs troublantes, on déambule au milieu de bruits jamais entendus, on y vit des passions qu'il vaut mieux taire, et lorsque l'on se trouve sur l'une de ses collines, où que se porte le regard, on a le sentiment d'être au Royaume des royaumes.
Tout, ici, étonne, surprend, émerveille. Sommes-nous à Byzance, Constantinople ou Istanbul ? Devant une église orthodoxe ou une mosquée ? Dans une citerne ou une basilique ? Le quartier que nous visitons est-il grec ? Juif ? Génois ou vénitien ? Sommes-nous rive gauche ou rive droite de la Corne d'Or ? Face au Bosphore, à la mer Marmara ou à la mer Noire ? Où irons-nous déjeuner, tout à l'heure, en Europe ou en Asie ?
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1575, carnaval de Venise. Une série de crimes secoue la ville sans que l'on ne découvre ni les auteurs, ni les motifs. 2016, une jeune étudiante est retrouvée noyée dans la lagune. Son sujet de thèse : ce mystérieux Carnaval noir... Cinq siècles plus tard, les coupables sont-ils les mêmes ? Professeur de latin à l'université de Genève, Bénédict Hughes essaye de comprendre pourquoi l'Histoire semble se répéter...
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Un père a-t-il le droit d'être un homme comme les autres ? Vingt ans après la mort du sien, Metin Arditi tente de comprendre qui était ce père dont il cherche encore aujourd'hui l'estime. Au souvenir glorieux d'un homme admiré se mêle l'image d'un père fuyant et faible. Au fil d'un récit tantôt violent, tantôt tendre, un fils exprime sa colère et son amour immense.
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Dans l'URSS de 1937, alors que le régime soviétique massacre des milliers de prêtres et détruit les trésors de l'Eglise russe, l'ermite Nikodime et d'autres moines survivants décident de sauver les plus beaux trésors de l'art sacré orthodoxe : la confrérie des moines volants est née. Soixante-trois ans plus tard, le photographe parisien Mathias Marceau perd son père, qu'il croyait si bien connaître. Au-delà du chagrin, le jeune homme va découvrir un pan caché de l'existence de ce dernier, qui le mènera jusqu'en Russie ...
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Dans la beauté solaire de son île grecque, la jeune Pavlina aime celui qu'elle croit son cousin, Aris.
Elle ignore le secret qui dévastera pour longtemps la famille : Aris est du même père qu'elle. L'enfant qu'elle aura de lui, fruit d'un inceste, sera confié à l'adoption. La Fille des Louganis raconte l'histoire de ce double arrachement, à l'île et à l'enfant. A Genève, où elle émigre, Pavlina poursuivra son existence, comme absente à elle-même, sans renoncer au rêve - obsédant jusqu'à la folie - de retrouver un jour la fille qu'on lui a enlevée.
Sur ce thème à la fois intime et universel de l'abandon, sur le hasard des rencontres et la vertu des amitiés, sur les forces vitales et les péripéties du destin qui nous gouvernent par-delà le bien et le mal, Metin Arditi a composé un roman profond, saisissant d'émotion et de vérité.
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L'Institut Alderson, pensionnat suisse pour gosses de riches, traverse des jours difficiles et pourrait changer de propriétaire.
Aussi le petit cénacle des professeurs vit-il des jours angoissés. Ici chacun panse une blessure ou dissimule un secret : un deuil, le vice du jeu, le déshonneur d'avoir été «collabo», la lâcheté déguisée en pacifisme, l'opprobre antisémite, des amours «contre nature», le sentiment d'avoir été abandonné. Dans ce refuge de solitudes et de destins brisés, la paroi des silences se fendille peu à peu, laissant à nu des êtres qui doutent autant d'aimer les autres que de s'aimer eux-mêmes.
En courts chapitres extrêmement prenants, Metin Arditi raconte ces quelques mois de crise. Il pousse chacun de ses personnages à assumer ses faiblesses. Metin Arditi est un conteur hors pair et son roman est de ceux qui captivent. Le théâtre, la danse, la littérature nourrissent un récit bondissant, aux ramifications multiples, qui pourtant jamais ne s'écarte de sa magistrale orchestration.
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Ronald Kandiotis est richissime. Riche et droit, transparent et humble, un mécène amoureux des arts, un homme exceptionnel en somme. Mais peut-on devenir milliardaire sans dommages ? Kandiotis est-il celui qu'il prétend être ? Pourquoi les ravisseurs qui ont enlevé Lara, sa fille unique, exigent-ils la publication de dix histoires révélant ses crimes ? La presse se déchaîne.
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Anne-catherine appartient à la haute société genevoise.
Elle vient de se séparer de son mari et demande à guido gianotti, professeur d'histoire de l'art à la retraite, une estimation pour un tableau dont elle veut se débarrasser. tout oppose anne-catherine et guido : elle a grandi dans les salons, il est fils d'un immigré italien chauffeur de maître ; elle est encore jeune alors que lui subit l'humiliation d'une virilité déclinante. pourtant, au contact l'un de l'autre, ces deux êtres blessés par la vie et par leur milieu vont retrouver une dignité.
A travers les rebondissements d'une enquête qui entraîne le lecteur dans l'univers des grands peintres de la renaissance florentine, surgit le récit d'un violent amour crépusculaire.
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En une journée, la vie d'Aldo Neri, violoniste virtuose, va basculer : alors qu'il doit donner un grand concert à Paris, il reçoit une enveloppe à son hôtel, adressée par le psychanalyste de sa mère, contenant des liasses de feuillets manuscrits rédigés par celle-ci peu avant son suicide.
Alors qu'il est à Paris pour un concert, Aldo Neri, violoniste virtuose, reçoit à son hôtel une enveloppe. Un certain Docteur Rey, psychiatre et psychanalyste, lui transmet une liasse de feuillets manuscrits, rédigés par sa mère, Anna, pendant son analyse. Ces notes couchées sur le papier au hasard des souvenirs détiennent-elles la clé du suicide de sa mère dans une chambre d'hôtel sordide de Berlin, cinq ans auparavant ? Pourquoi Berlin ? Rongé par la curiosité, terrifié aussi par ce qu'il pourrait découvrir, Aldo se lance dans une lecture compulsive de ces notes, malgré les mises en garde de Rose, son épouse qui est aussi sa luthière. Aidée par son analyse, Anna s'y remémore des bribes de vie. Son enfance auprès d'une mère distante, ses premières amours avec Paule qu'elle rencontre dans une institution pour jeunes filles, sa place de femme de chambre à la Pension Marguerite. C'est là qu'Anna rencontre un saltimbanque aux talents de ventriloque qui va devenir le père de son enfant : un fils qu'elle élève seule et à qui elle donne le même prénom que son amant, Aldo. Au fil des pages, les plaies se rouvrent à l'image de la fente sur la table du violon d'Aldo, de laquelle s'échappe, à chaque coup d'archet, un gémissement. Ce roman troublant confronte son personnage aux souvenirs enfouis et menaçants, aux confusions d'identité dont il a subi la douloureuse influence mais qui l'ont forgé en tant qu'homme et en tant qu'artiste. Rien d'étonnant alors à ce que la musique y tienne une place considérable, elle qui exprime si bien l'indicible.
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Alors que chaque concert lui vaut un triomphe et qu'il se trouve au sommet de sa gloire, le chef d'orchestre Alexis Kandilis commet une indélicatesse dont les conséquences pourraient être irrémédiables. Sa réputation est ébranlée. Aux déceptions et revers qui s'ensuivent il oppose la certitude de son destin d'exception. Mais les blessures les plus anciennes se rappellent à son souvenir. L'insidieux leitmotiv des Kindertotenlieder - Les chants des enfants morts - de Gustav Mahler lui chuchote sans répit le secret qu'il voudrait oublier.
La chute est inexorable. Seules l'amitié ou la confiance de quelques proches semblent l'ouvrir à une autre approche de son talent, susciter en lui un homme nouveau, dont la personnalité glisserait de la toute-puissance à la compassion, de l'arrogance à l'empathie profonde. Se dessine peut-être une métamorphose...
Roman haletant, parcours exalté, bouleversé par les véhémences de la musique, Prince d'orchestre est aussi une réflexion sur la part d'imprévisible que contient toute existence, sur la force du hasard et les abîmes de la fragilité humaine, sur les souffrances que convoque, apaise, et souvent transcende l'inépuisable fécondité de l'art.
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Dictionnaire amoureux : de la Suisse
Metin Arditi
- Plon
- Dictionnaire Amoureux
- 2 Mars 2017
- 9782259249447
Qui suis-je pour écrire un tel dictionnaire ? Un Suisse à quatre sous, comme on dit ici. L'expression vient du fait que tout naturalisé doit payer sa dîme. Je suis né en Turquie. J'ai grandi au bord du lac Léman, à Paudex, petite, très petite commune vaudoise où mes parents m'ont placé en internat à l'âge de 7 ans. J'y suis resté jusqu'à la maturité (comme on appelle le baccalauréat suisse). Après mes études et quelques stages, je me suis installé à Genève, ville superbe que j'aime tant. Dire que ce pays m'a beaucoup donné serait dire peu. Il m'a comblé. Comment le remercier ?
Un mot de Saint Augustin nous est souvent servi pour nous donner bonne conscience. Ama et quod vis fac. Aime et fais ce qu'il te plaît, dit Augustin. Si tu aimes, tu feras juste. La citation mérite qu'on s'y arrête. En réalité, il s'agit d'une retro-traduction du français au latin, la langue dans laquelle Saint Augustin a écrit. Car l'un des termes n'est pas de lui. Pour le mot « aimer », il utilise le verbe diligere. La citation exacte est : Dilige et quod vis fac. Dilige, c'est à dire : aime, mais avec distance. Aime sans accaparer. C'est ainsi que je veux, que je dois aimer la Suisse si je veux m'acquitter de ma dette. Avec distance. En étranger. C'est donc en étranger que je veux aimer ma Suisse, décrire quelques aspects de mon pays qui n'est pas le mien. En étranger que j'espère faire découvrir au lecteur une Suisse paradoxale, tantôt d'une pièce tantôt de mille, souvent inattendue, toujours attachante. Certaines de ses facettes sont d'une simplicité absolue, d'autres insaisissables de complexité. Ensemble elles constituent un pays vibrant et beau, souvent secret, quelques fois imparfait. On l'aime alors encore plus, de la même manière qu'un homme s'attache aux défauts d'une femme presque parfaite, car ce sont eux qui lui donnent son humanité.
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La vie d'Armand Hugues est bouleversée le jour où l'on propose à ce collectionneur un manuscrit inédit de Kafka, en échange de quoi il devra aider Tatiana à réussir sa carrière de chanteuse d'opéra...
Pavel Kutman, antiquaire à Prague, a découvert une lettre inédite de Kafka qui atteste une rencontre historique insoupçonnée de l'écrivain pragois avec Marcel Proust. Kutman, qui est le père de Tatiana, jeune soprano prometteuse, propose un marché inattendu à Armand Hugues, banquier dans la grande tradition genevoise, fervent collectionneur de manuscrits et, surtout, membre influent du Conseil de fondation du prestigieux concours de chant de Genève : en échange des précieux feuillets, Armand Hugues s'engagera à tout mettre en oeuvre pour permettre à Tatiana d'accéder à la finale du concours, qui se tient dans la salle mythique du Victoria-Hall et à l'occasion de laquelle
sont conviés les plus grands directeurs d'opéra. L'enjeu devient d'autant plus important pour Armand Hugues lorsque, lisant la fameuse lettre, il croit identifier son grand-père en la personne d'un compagnon de route dont parle Kafka. Cette découverte va lui permettre de mieux comprendre sa propre histoire, et de voir sous un autre jour sa relation difficile avec un père implacable. Toute
sa vie, jusque-là rangée, sera bouleversée par cette révélation et aussi, peut-être même davantage, par la rencontre avec Tatiana qui lui fait découvrir l'assomption des sens dans l'amour.
Ainsi donc, dans Victoria-Hall, Metin Arditi mêle subtilement l'Histoire, avec la lettre de Kafka, et l'histoire d'un homme qui redécouvre l'audace de la liberté dans le déploiement du désir.
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Placards & Libelles Tome 3 : le onzième commandement : quand obéir, c'est trahir
Metin Arditi
- Cerf
- Placards & Libelles
- 4 Novembre 2021
- 9782204144803
À la Renaissance, au moment de la révolution Gutenberg, l'imprimé devient le levier des combats d'opinion et un instrument de liberté. Sur une seule feuille, recto et verso, se déroule un texte d'intervention pour alerter, critiquer, mobiliser en rompant avec les discours officiels. On l'affiche sur les murs, on la plie en quatre pour qu'elle circule sous le manteau, on la communique. Aujourd'hui, à l'heure d'internet, Le Cerf renoue avec cette forme et formule originelle en donnant une libre parole à un intellectuel majeur sur l'actualité longue ou immédiate. Une aventure éditoriale qui reprend également le fil de la revue fondatrice de la maison entre 1928 et 1956, La Vie intellectuelle, animée par Jacques Maritain, Étienne Gilson et François Mauriac. Un samizdat et dazibao pour penser aujourd'hui afin que le débat continue... Paraît tous les quinze jours à 2,50 euros.
Pour cette nouvelle parution du quinzomadaire mono-feuille qui commente autrement l'actualité, un intellectuel s'empare du sujet débattu, clivant, polémique du jour afin d'éclairer différemment ses contemporains.
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"Je me souviens avec une très grande précision de mon étonnement en cet instant.
Un sentiment nouveau m'envahissait doux et surprenant : j'admirais mon père. Je gardai pour moi cette émotion précieuse."
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Le soir, au dîner de Noël, personne n'ose tourner la tête vers moi.
Père est en bout de table, tendu à l'extrême. Il dit la bénédiction, mère s'apprête à nous servir la soupe, mais il ne lui en laisse pas le temps. Il me lance : Tu n'as pas de savoir-vivre ! Personne n'ose ouvrir la bouche. Il s'énerve encore plus. Il ajoute : Tu déshonores ton nom ! Il me chasse de table. Je me lève. Je range ma chaise. Je fais trois pas en direction de la porte. Et puis je me retourne. Je regarde sa nuque maigre et blanche.
Mon coeur saigne. Cette nuque, je veux l'embrasser, la frapper. Je crie : Quel nom ? Son dos tressaille. Je ne lâche pas. Quel nom ? Le nom de l'autre ? De celui que ton regard cherche en vain ? Le nom de Vincent ? M. A.
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Dictionnaire amoureux : de l'esprit français
Metin Arditi, Alain Bouldouyre
- Plon
- 26 Août 2021
- 9782259307154
« Je voudrais bien savoir, dit Molière, si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire ». Partant de ce constat, Metin Arditi examine d'une plume tendre les formes dans lesquelles s'incarne cet impératif de séduction : le goût du beau, le principe d'élégance, le sens de l'apparat, mais aussi le souci de légèreté, l'humour, l'art de la conversation, un attachement historique à la courtoisie, l'amour du trait assassin, la délicatesse du chant classique « à la française », un irrésistible penchant pour la théâtralité, l'intuition du bon goût, la tentation des barricades, une obsession du panache, et, surtout, une exigence de liberté. En un mot, le bonheur à la française.
À l'heure où chacun s'interroge sur la délicate question de l'identité, ce dictionnaire rappelle que l'esprit français est, surtout, un inaltérable cadeau.
Une lecture qui fait plaisir... et pousse à réfléchir.