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Hermann Goering, deuxième personnage du troisième Reich, a été simultanément ministre de l'Intérieur de Prusse, président du Reichstag, maître du plan quadriennal et grand veneur du Reich. Mais Goering était avant tout un militaire : aviateur virtuose et dernier commandant de la célèbre escadrille Richthofen pendant la Grande guerre, c'est comme maréchal et commandant-en-chef de l'aviation allemande qu'il est entré à reculons dans la grande tourmente de la Seconde guerre mondiale. Dès lors, depuis Dunkerque jusqu'à Stalingrad, il a joué un rôle essentiel dans le déroulement des entreprises militaires allemandes - et dans les défaites successives de la Wehrmacht. C'est ce personnage démesuré que François Kersaudy nous invite à revisiter - avec l'aide d'une abondante illustration iconographique.
Philosopher, c'est penser par soi-même. Mais nul n'y parvient valablement qu'en s'appuyant d'abord sur la pensée des autres, et spécialement des grands philosophes du passé. Sont rassemblées ici quelque six cents citations des plus brillants esprits de la pensée occidentale, regroupées en douze thématiques majeures : la morale, la politique, l'amour, la mort, la connaissance, la liberté, Dieu, l'athéisme, l'art, le temps, l'homme, la sagesse. Chacune s'ouvre par une présentation admirablement claire et concise. En réunissant ainsi en un volume ses « Carnets de philosophie », parus il y a vingt ans et aujourd'hui devenus introuvables, André Comte-Sponville propose une remarquable introduction à la philosophie. Elle intéressera aussi bien les lycéens que tous ceux, quel que soit leur âge, qui veulent « penser mieux, pour vivre mieux ».
Respectée, souvent adulée, Elizabeth II règne sur le temps. Si la souveraine est la femme la plus célèbre du monde, elle reste pourtant largement secrète et méconnue. Depuis 1952, elle a toujours étonné ses contemporains, évoluant avec son époque tout en restant la même afin de préserver la monarchie dont elle est l'héritière et la garante. Elle incarne un univers qui serait impensable sans elle, sans ses inévitables chapeaux, son sourire de rigueur et sa discrète façon de battre la mesure de son pied droit lorsqu'une fanfare défile devant elle.
Agée de 95 ans, celle que rien ne predistinait à monter sur le trône connait aujourd'hui le plus long règne de la monarchie britannique.
Puisant aux meilleures sources, Jean des Cars nous plonge dans la vie d'Elizabeth II, de son enfance à son accession au trône en passant par tous les petits et grands épisodes, publics et privés, qui ont marqué sa vie : guerre mondiale, mort de son père, rumeurs sur son couple, décès de son mari, vie dissolue de sa soeur, problèmes conjugaux de ses enfants, relation avec son oncle damné, «rebéllion» de son petit-fils Harry, sans oublier sa passion pour ses corgies et ses chevaux...
Puisant aux meilleures sources, Jean des Cars nous plonge dans la vie d'Elizabeth II, de son enfance à son accession au trône en passant par tous les petits et grands épisodes, publics et privés, qui ont marqué sa vie : guerre mondiale, mort de son père, rumeurs sur son couple, vie dissolue de sa soeur, problèmes conjugaux de ses enfants, relation avec son oncle damné, sans oublier sa passion pour ses corgies et ses chevaux... Le maître des cours européennes nous invite dans l'intimité de "The Queen".
« Il n'y a plus personne, pas même moi, puisque je ne peux me lever, qui aille visiter, le long de la rue du Repos, le petit cimetière juif où mon grand-père, suivant le rite qu'il n'avait jamais compris, allait tous les ans poser un caillou sur la tombe de ses parents. » Tout le monde cite cette phrase de Proust, comme si elle donnait le fin mot de son rapport au judaïsme. Mais personne ne sait d'où elle vient. Madame Proust, née Jeanne Weil, ne s'était pas convertie : « Si je suis catholique comme mon père et mon frère, par contre, ma mère est juive », rappelait Proust à Robert de Montesquiou durant l'affaire Dreyfus.
Certains voient dans cet aveu de la distance, voire de la honte de soi comme Juif, de même qu'ils soupçonnent d'antisémitisme les descriptions de Swann, Bloch ou Rachel dans la Recherche. Or il parut d'abord en anglais dans un hebdomadaire sioniste, The Jewish Chronicle, dans un hommage d'André Spire après la mort de Proust.
D'où une enquête de deux côtés.
D'une part dans la communauté juive. Comment Proust fut-il lu durant les années 1920 et 1930, dans la presse consistoriale, qui n'avait que faire de son roman, et par les jeunes sionistes, qui firent de lui un héros de la « Renaissance juive » ?
D'autre part au Père-Lachaise, dans le caveau de Baruch Weil, l'arrière-grand-père de Proust, et auprès de sa descendance, dont Nathé Weil, le grand-père de Proust, et de nombreux oncles et tantes, cousins et cousines inconnus, huissier franc-maçon, colons en Algérie, ingénieur bibliophile, compositeur fou...
Les deux fils se nouent et les côtés se rencontrent. Le destinataire de la fameuse phrase était Daniel Halévy, camarade du lycée Condorcet, et le manuscrit de la nécrologie d'André Spire est retrouvé. Le côté juif de Proust n'aurait-il plus de secret ?
A. C.
Les révolutions ne se prêtent pas aux récits linéaires. Elles sont de véritables séismes qui, en renversant l'ordre établi, renouvellent les horizons d'attente et font advenir des idées, des imaginaires et des canons esthétiques nouveaux.
Pour en mesurer les forces et les puissances de transformation, mais aussi les tensions et les contradictions, Enzo Traverso compose une constellation d'« images dialectiques », où se télescopent les « locomotives de l'histoire » de Marx et le « frein d'urgence » de Walter Benjamin, les corps sexuellement libérés d'Alexandra Kollontaï et les corps disciplinés pour bâtir la « société nouvelle », la création d'images et de symboles (la barricade, le drapeau rouge, les chansons et rituels...) et la furie iconoclaste.
Au croisement de l'histoire intellectuelle, de l'histoire visuelle et de la théorie politique, ce livre montre que l'idée de révolution offre une clé d'intelligibilité de la modernité, jusqu'à notre présent, où elle continue d'informer souterrainement notre rapport au futur et au possible.
« Pour celles et ceux qui aspirent à façonner un autre ordre des choses, le récit d'Enzo Traverso est essentiel. Pour celles et ceux qui veulent réfléchir à ce qui anime les révolutions ou en fait des naufrages, cet ouvrage rare parcourt le globe et les bibliothèques, s'intéressant à Phnom Penh et La Havane, et pas seulement à Paris et Moscou, et pensant avec Weber, Arendt, Fanon et Constant, et pas seulement avec Trotski, Lénine et Mao. » Wendy Brown, professeure de sciences politiques àl'université de Berkeley.
Sur une photographie ancienne, il est cet enfant sage et mélancolique, déjà penché sur son livre... «Tout au long de notre vie, écrit François Truffaut, nous devenons des personnes différentes et successives, et c'est ce qui rend tellement étranges les livres de souvenirs. Une personne ultime s'efforce d'unifier tous ces personnages antérieurs.» Depuis sa première lettre de jeune cinéphile à Jean Cocteau, en 1948, jusqu'à sa disparition prématurée en 1984, c'est son goût commun pour la litt érature et le cinéma qui traverse cette Correspondance inédite.Truffaut s'y réinvente une famille de coeur auprès de ses écrivains de prédilection (Genet, Cocteau, Audiberti, Louise de Vilmorin), sollicite des figures renommées de l'édition (Jean Cayrol, Marcel Duhamel, Robert Sabatier) et les auteurs qu'il veut adapter à l'écran (Maurice Pons, David Goodis, Ray Bradbury, Henri Pierre Roché, René-Jean Clot...).Ce sont les coulisses de la création, les passions des tournages que l'on découvre ici, mais aussi les remises en question et les zones d'ombre d'un homme pressé, auquel le temps va cruellement manquer... Et c'est à son ami Jean Mambrino, le père jésuite rencontré en 1954 dans le sillage d'André Bazin, que Truffaut adresse ce dernier petit mot, quelques mois à peine avant sa mort:«Bonne année 1984, mon cher Jean. Je remonte la pente, je lis vos poèmes, ils m'aident et vos signes d'amitié me touchent beaucoup, affectueusement vôtre, françois.»
Hubert Védrine est reconnu comme l'un des meilleurs experts de la géopolitique et des relations internationales. Le regard qu'il porte sur ces domaines s'est nourri de son ouverture sur le monde stimulée dès sa jeunesse, de son goût des autres cultures et d'une curiosité intellectuelle inlassable.
Riche de ces expériences, Hubert Védrine n'a cessé d'analyser les mutations successives qui façonnent l'Histoire. Il a toujours veillé à établir un diagnostic réel des nouvelles données géopolitiques, en soutenant qu'il faut impérativement se replacer dans la longue durée pour mieux appréhender les grands enjeux de notre temps. En d'autres mots, il nous invite à regarder le monde tel qu'il est, et non tel qu'on souhaiterait qu'il soit. Il dresse, entre autres constats, celui que l'Europe ne possède plus la dynamique de ses débuts, ni ne peut réaliser l'utopie d'un fédéralisme réduisant la souveraineté nationale.
Ces observations ne sont pas pour autant un aveu de renoncement. Hubert Védrine démontre au contraire comment le réalisme, dans l'approche des événements, permet de fonder des ambitions sur les bases les plus solides, qui tiennent compte à la fois des forces fécondes et de la nature des résistances. Ce volume, qui rassemble ses textes majeurs, offre une référence essentielle pour nous aider à mieux appréhender les rapports entre les peuples et les États.
«?Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage, on craint d'agir de manière déplacée. On a le sentiment de ne pas «être à sa place». Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ??» Dans cet ouvrage aussi passionnant que sensible, la philosophe Claire Marin explore toutes les places que nous occupons - quotidiennement, volontairement ou contre notre gré, celles que nous avons perdues, celles que nous redoutons de perdre - et interroge ce qui est à la fois la formulation d'un désir personnel et un nouvel impératif social. Encore reste-t-il à savoir si l'on finit tous par trouver une place, ou si le propre d'une place n'est pas plutôt de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s'y installer...
Parmi les quelques codex de tradition azte`que retrouve´s, le Codex Borbonicus compte parmi les plus pre´cieux. Te´moignage essentiel de la civilisation du Mexique ancien, il a e´te´ acquis par l'Assemble´e nationale en 1826, d'ou` son nom de Borbonicus - en re´fe´rence au palais Bourbon ou` il est de´sormais conserve´.
Date´ du de´but du XVIe sie`cle, il pre´sente les trois grands cycles temporels du calendrier azte`que : Le tonalpohualli, « le compte des jours-destins » et ses 260 jours ; le xiuhpohualli et le xiuhmolpilli, correspondant au sie`cle mexicain.
E´crit par les plus grands spe´cialistes de la culture me´soame´ricaine sous la direction de Sylvie Peperstraete et Jose´ Contel, le livre de commentaires illustre´ accompagnant notre fac- simile´ offre les cle´s de compre´hension de cet extraordinaire chef-d'oeuvre.
Membre convaincu du parti nazi dès 1923, aveuglément soutenu par son épouse Charlotte, Otto von Wächter a rapidement intégré l'élite hitlérienne, devenant notamment, au début de la Seconde Guerre mondiale, gouverneur de Cracovie en Pologne, puis gouverneur du district de Galicie, dans l'ouest de l'Ukraine actuelle - deux territoires qui furent le théâtre de l'extermination des Juifs. En 1945, après la défaite du Reich, il parvient à fuir, se cache dans les Alpes autrichiennes avant de rejoindre Rome et le Vatican, qui abrite l'une des principales filières d'exfiltration des nazis vers l'Amérique du Sud. C'est là qu'il trouve la mort, en 1949, dans des circonstances. Comment a-t-il pu se soustraire à la justice, de quelles complicités a-t-il bénéficié ? A-t-il été réduit au silence ?
Non, Mozart n'était pas une femme. Mais Mozart aurait pu être une femme : Maria Anna Mozart fut, comme son frère, un prodige de la musique, avant de devoir se marier et de disparaître de la scène - mais aussi des livres, des films et de l'histoire. Résultat : personne ne se souvient d'elle.
Qui peut se vanter de pouvoir citer ne serait-ce qu'une compositrice ? Connaissez-vous... Cassienne de Constantinople, l'une des premières de l'histoire ? La flamboyante Hildegarde de Bingen, femme de pouvoir et pionnière de la musique médiévale ? Ou encore Élisabeth Jacquet de La Guerre, protégée de Louis XIV et claveciniste de génie ? Quant à Hélène de Montgeroult, après avoir échappé à la guillotine grâce à sa virtuosité, elle rédige l'une des plus importantes méthodes d'enseignement du piano de l'histoire. D'autres, comme Clara Schumann, Fanny Mendelssohn ou Alma Mahler, ont vu leur talent et leur prénom rester dans l'ombre d'un grand homme.
Compositrices, instrumentistes, cheffes d'orchestre, fondatrices d'ensembles... nombreuses sont celles qui ont dû renoncer au succès. Pourtant, la musique classique leur doit beaucoup. Et si on réécrivait l'histoire ?
Avec une passion et un engagement communicatifs, Aliette de Laleu s'attache à réparer des siècles d'invisibilisation en rendant aux femmes leur place dans l'histoire de la musique. Parce qu'il n'est pas de vocation sans modèles, pas de progrès sans héritage ni de génies sans histoires.
Et si le propre de l'Homme n'était pas le rire, le langage ou l'aspiration à l'éternité, mais son pouvoir de destruction ? Dérèglement climatique, hausse des températures, montée des eaux, pandémies... nous allons droit à la catastrophe.
Le responsable de cette catastrophe est l'humanité elle-même. À force de grandir et de recouvrir toute la surface de la Terre, elle se comporte comme un cerveau géant et surpuissant, doté d'une infinité de connexions.
C'est ce cerveau qui prélève des ressources sur la Terre, produit des millions de SUV et de smartphones, fait travailler les humains sans relâche et recrache des milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère. Mais à quoi pense cet organe ? A-t-il des désirs ? Des émotions ? Quels sont ses plans ?
Dans Human Psycho, Sébastien Bohler adopte une démarche clinique pour analyser le cerveau global qu'est devenue l'humanité, comme un psy le ferait avec son patient.
Le constat qu'il livre est glaçant : ce cerveau possède les traits caractéristiques d'un psychopathe. Il coche toutes les cases du profil psychologique d'un serial killer qui massacre sa victime - la planète.
Alors, peut-on le soigner ? Tel est le questionnement ultime de cet ouvrage, qui nous emmène sur une crête étroite entre néant et espoir.
Dans le premier volume de ses Mémoires, Barack Obama raconte l'histoire passionnante de son improbable odyssée, celle d'un jeune homme en quête d'identité devenu dirigeant du monde libre, retraçant son éducation politique et les moments emblématiques du premier mandat de sa présidence. Point de vue exceptionnel sur l'exercice du pouvoir, témoignage singulier sur les ressorts de la politique intérieure et de la diplomatie internationale, Une terre promise est aussi un récit introspectif. Barack Obama parle sans détour du défi colossal qu'il lui a fallu relever : être le premier candidat afro-américain à la présidence, incarner « l'espoir et le changement » aux yeux de toute une génération. La démocratie, assure-t-il, n'est pas un don du ciel mais un édifice, fondé sur l'empathie et la compréhension mutuelle, que nous bâtissons ensemble, jour après jour.
Après trois ans d'investigations, Victor Castanet livre une plongée inquiétante dans les secrets du groupe Orpéa, leader mondial des Ehpad et des cliniques. Truffé de révélations spectaculaires, ce récit haletant et émouvant met au jour de multiples dérives, bien loin du dévouement des équipes d'aidants et de soignants.
Trois ans d'investigations, 250 témoins, le courage d'une poignée de lanceurs d'alerte, des dizaines de documents explosifs, plusieurs personnalités impliquées...
Voici une plongée inquiétante dans les secrets du groupe Orpéa, leader mondial des Ehpad et des cliniques. Truffé de révélations spectaculaires, ce récit haletant et émouvant met au jour de multiples dérives et révèle un vaste réseau d'influence, bien loin du dévouement des équipes d'aidants et de soignants, majoritairement attachées au soutien des plus fragiles.
Personnes âgées maltraitées, salariés malmenés, acrobaties comptables, argent public dilapidé... Nous sommes tous concernés.
En Algérie, l'année 1962 est à la fois la fin d'une guerre et la difficile transition vers la paix. Mettant fin à une longue colonisation française marquée par une combinaison rare de violence et d'acculturation, elle voit l'émergence d'un État algérien d'abord soucieux d'assurer sa propre stabilité et la survie de sa population. Si, dans les pays du Sud, cette date est devenue le symbole de l'ensemble des indépendances des peuples colonisés, en France, 1962 est connue surtout par les expériences des pieds-noirs et des harkis. En Algérie, l'historiographie de l'année 1962 se réduit pour l'essentiel à la crise politique du FLN et aux luttes fratricides qui l'ont accompagnée. Mais on connaît encore très mal l'expérience des habitants du pays qui y restent alors.
D'où l'importance de ce livre, qui entend restituer la façon dont la période a été vécue par cette majorité. L'année 1962 est scandée par trois moments : cessez-le-feu d'Évian du 19 mars, Indépendance de juillet, proclamation de la République algérienne le 25 septembre. L'histoire politique qu'ils dessinent cache des expériences vécues, que restitue finement Malika Rahal au fil d'une enquête mobilisant témoignages, autobiographies, photographies et films, chansons et poèmes. Émerge ainsi une histoire populaire largement absente des approches classiques : en faisant place au désespoir des Français d'Algérie dont le monde s'effondre - désarroi qui nourrit la violence de l'OAS -, elle relate le retour de 300 000 réfugiés algériens de Tunisie et du Maroc, la libération des camps de concentration où était détenu un quart de la population colonisée, ou la libération des prisons, ainsi que les spectaculaires festivités populaires. L'ouvrage décrit des expériences collectives fondatrices pour le pays qui naît à l'Indépendance : la démobilisation et la reconversion de l'Armée de libération nationale, la recherche des morts et disparus par leurs proches, l'occupation des logements et terres laissés par ceux qui ont fui le pays. Une fresque sans équivalent, de bout en bout passionnante.
Devenu le principal porte-parole de l'extrême droite, Éric Zemmour nie pourtant cette filiation et se revendique du général de Gaulle et du RPR. Il se présente aussi sous les traits d'un écrivain féru d'histoire se contentant d'observer les faits.
Une telle posture et une telle prétention à dire le vrai au nom de l'histoire méritaient un examen attentif. Spécialiste de l'extrême droite et du régime de Vichy, Laurent Joly resitue Zemmour dans la tradition politique qui est la sienne, celle du « nationalisme ethnique », né au tournant du XXe siècle et dont les idées ont été portées au pouvoir sous Vichy.
Il montre l'importance pour Éric Zemmour de réécrire l'histoire de Vichy et de la persécution des juifs. Tout son projet vise en effet à rendre possible des politiques disqualifiées depuis les crimes de la collaboration : mettre à bas l'État de droit, stigmatiser des minorités, expulser deux millions d'étrangers et de « mauvais Français »...
Se fondant sur des sources inédites, exhumant des controverses oubliées, Laurent Joly démontre que le discours historique d'Éric Zemmour recycle les justifications de l'extrême droite pétainiste depuis 1945, et qu'il n'hésite pas falsifier les faits et à créer délibérément la confusion, afin d'unir les droites sous l'étendard de l'anti-islamisme. Ce que cet homme dit et écrit sur Pétain, Vichy et la Shoah est révélateur de ce qu'il est, de ce qu'il pense et de ce qu'il veut faire si lui-même ou ses idées arrivaient au pouvoir.
À quelles conditions l'écologie, au lieu d'être un ensemble de mouvements parmi d'autres, pourrait-elle organiser la politique autour d'elle ? Peut-elle aspirer à définir l'horizon politique comme l'ont fait, à d'autres périodes, le libéralisme, puis les socialismes, le néolibéralisme et enfin, plus récemment, les partis illibéraux ou néofascistes dont l'ascendant ne cesse de croître ? Peut-elle apprendre de l'histoire sociale comment émergent les nouveaux mouvements politiques et comment ils gagnent la lutte pour les idées, bien avant de pouvoir traduire leurs avancées dans des partis et des élections ?
13 octobre 1941, Myropol, en Ukraine. Un tireur pointe son fusil à quelques centimètres de la tête d'une femme, à demi masquée par un nuage de fumée. Elle est penchée en avant, au bord d'un ravin, et tient la main de son petit garçon aux pieds nus.
Cette scène insoutenable - le meurtre par balles d'une mère et de ses enfants -, l'historienne américaine Wendy Lower l'a découverte en 2009 dans les archives de l'United States Holocaust Memorial Museum à Washington. Dès lors, son but est de leur rendre justice. Au terme de dix années d'enquête menée en Ukraine, en Allemagne, en Slovaquie, en Israël et aux États-Unis, elle est parvenue a retrouvé les identités des victimes et des tueurs - des officiers allemands et des collaborateurs ukrainiens -, ainsi que celle du photographe slovaque qui a saisi cette exécution.
À travers cette image unique, Wendy Lower nous livre une lecture, nouvelle et saisissante, sur les massacres nazis perpétrés par les Einstazgruppen.
Qu'arrive-t-il à la gauche ? Est-elle effectivement en train d'agoniser ? Si on n'a cessé, tout au long de sa brève existence, de prononcer son requiem, elle a jusqu'à présent toujours déjoué les pronostics. Pourtant, aujourd'hui, partout dans le monde, les mouvements de la gauche organisée connaissent un déclin important. C'est peut-être qu'il faut y voir le symptôme d'un effacement plus profond et bien plus problématique, celui de l'« imaginaire de l'égalité », qui fut le principal moteur de la gauche mondiale depuis sa naissance au XVIIIe siècle... C'est en tout cas l'hypothèse pour le moins perturbante de ce livre.
Et pour saisir sa pertinence, Shlomo Sand nous propose de remonter aux sources de cet « imaginaire » et d'étudier le façonnement, les transformations et les ajustements de l'idée d'égalité sur plus de deux siècles. Des Diggers de la première révolution anglaise à la formation de l'anarchisme et du marxisme, du tiers-mondisme aux révolutions anticoloniales, des féminismes post-MeToo au populisme de gauche aujourd'hui, ce livre revient en profondeur sur les penseurs et les mouvements qui ont bâti la gauche mondiale. Il montre à la fois les dynamiques globales et transnationales qui les ont animés, souvent en écho les unes avec les autres, la manière dont ils ont pensé l'égalité, mais aussi comment ils se sont heurtés au « mur » de l'égalité réelle et ont pu en tirer, ou non, les leçons nécessaires.
Avec le brio et l'engagement qu'on lui connaît, Shlomo Sand relève le difficile pari d'une brève histoire mondiale de la gauche qui s'adresse, avec un grand sens de la pédagogie, au plus grand nombre, tout en proposant des hypothèses originales à l'heure où nous devons nous employer, de toutes nos forces, à réactiver l'imaginaire égalitaire.
C'est un peuple légendaire, immense, vif comme s'il avait vécu. Ce sont les personnages d'A la recherche du temps perdu, avec leurs visages, leurs désirs, leurs tics, leurs mots fameux : ils sont une petite centaine, choisis par Mathilde Brézet dans ce dictionnaire libre et passionné.
Chaque nom est un récit - parfois une apparition : récit d'une vie, mais aussi récit d'un parcours de création. Comment est née Albertine ? Et Swann ? Que veut nous dire Proust avec Jupien ? Pourquoi un personnage comme la femme de chambre de la baronne Putbus, capital dans les premières versions de l'oeuvre, a quasiment disparu ? Il y a aussi les personnages sans nom mais pas sans regard, comme le liftier ou les « filles portant le lait ». Mathilde Brézet plonge dans les aléas de l'atelier littéraire et dans les méandres du désir de l'auteur pour ses personnages...
Nourri de nombreux et récents travaux universitaires, ce volume immense ouvre des perspectives en citant abondamment les avant-textes du chef-d'oeuvre, la correspondance de l'auteur, et les témoignages de ses contemporains. Le regard et le ton sont toujours personnels : ce sont ceux d'un lecteur qui parle à d'autres, et qui ne cesse de donner à connaître ou à reprendre. Pour qui n'a pas lu Proust, ce dictionnaire est l'occasion de se familiariser avec ses héros, et de découvrir la richesse inouïe de son univers. Pour les proustiens aguerris, il y a le plaisir des retrouvailles, de la découverte de ses propres sentiments de lecture, mais aussi la surprise d'interprétations nouvelles : tout est gracieux dans ces pages érudites, qui nous font voyager au plus beau des pays.